Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ]

I. -

A1 humain entend à A2. A1 fait attention à A2 : ...li jones rois d'Engleterre ouvri les orelles et se resvilla, et entendi a ce que il li disoit et remonstroit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 230). ...li contes de Hainnau parla a Jaquemon d'Artevelle (...) et li remonstra toutes ses besongnes (...) Jaquemés d'Artevelle i entendi de bon coer (FROISS., Chron. D., p.1400, 363).

Associé à ouir. Écoute : Il remonstra ses besongnes bien et sagement, et li rois les oy et i entendi volentiers (FROISS., Chron. D., p.1400, 479). Quant Jacop veï que il fu eure de tourner le voille et de prendre un autre chemin, si dist as maronniers : "Entendés à moi ; je ai leué à mes deniers ceste nef, pour faire sus ce voiage ma volenté et pour aler où je voel." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 178).

Y attache de l'importance, s'en occupe : "Messires Thomas de Hollandes, entendés a nous et nous prendés a prisonniers, et nous sauvés les vies de ces archiers." (FROISS., Chron. D., p.1400, 692). ...qant il oirent ce, si furent moult courouchié et a bonne cause, et jurerent que jamais n'entenderoient a aultre cose si averoient repris la chité de Vennes (FROISS., Chron. D., p.1400, 574). ...il s'enclinoit a ce que bon seroit que on entendesist a auquns trettiés de paix et de trieuves (FROISS., Chron. D., p.1400, 455). Et là sus le place on entendi à monsigneur Gallehaut de Ribeumont qui estoit durement navrés ; et fu amenés au plus doucement que on peut en le ville de Peronne et là medecinés. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 209).

A1 humain entend sus A2 humain. A1 encadre A2 : Et eurent chil ouvrier un clerc qui entendoit sus euls et qui les faisoit paiier (FROISS., Chron. D., p.1400, 596).

A1 humain entend + compl. ou adv. de lieu : ...tout a une fois les siis assaus conmenchierent, dont chil de la ville furent tout esbahit, car il ne sceurent auquel lés entendre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 767). ...puisque il estoient la dedens venu, pour aidier et consillier la ville, il convenoit que il s'aquitassent, ensi que il fissent. Si ordonnerent moult bellement lors pareçons, et la ou il devoient entendre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 358). Il a assés a faire a entendre aillours. (FROISS., Chron. D., p.1400, 484). Et se n'i avoit prince ne baron (...) qui osast parler dou deslogier ne aler d'aultre part entendre (FROISS., Chron. D., p.1400, 671).

A1 humain entend (que) + subj. A1 veille à ce que : Et entendés li sauf conduis soit tels que je m'i puisse bonnement asegurere (FROISS., Chron. D., p.1400, 752).

A1 humain entend du + inf./au + inf. A1 s'occupe de + inf. : Si entendirent ces gens d'armes dou remparer et pourveir grandement (FROISS., Chron. D., p.1400, 650). ...mesires Jofrois de Cargni entendoit de grant desir et volenté au procurer ses besongnes (FROISS., Chron. D., p.1400, 862).

A1 humain est mal entendant à A2 abstr. A1 est de mauvaise volonté envers A2 : ...il les trouvoient si durs et si hausters et si mal entendans a lors remonstrances et volentés que il n'i veoient moiien ne conclusion. (FROISS., Chron. D., p.1400, 591).

A1 humain ne l'entend pas ainsi. A1 conçoit et veut autre chose : ...li mariages fu fais dou jone roi David d'Escoce a la serour le roi d'Engleterre. De quoi li Escoçois en quidierent trop grandement mieuls valoir, mais li Englés ne l'entendoient pas ensi, euls qui ne pueent amer les Escos, ne ne fissent onques, ne ja ne feront. Qant les trieuwes furent fallies entre euls et les Escos (FROISS., Chron. D., p.1400, 202).

II. -

A1 entend A2, parole. A1 perçoit par l'oreille et comprend A2 : ...il dissent : "Adieu, bonnes gens, priiés pour nous", et la porte fu reclose, si tres grande plorrie, brairie et criie des fenmes et enfans et des amis de ces bonnes gens que grans hisdeurs estoit a l'oir et comsiderer ; et meismement messires Gautiers de Manni en entendi bien la vois et en ot pité. (FROISS., Chron. D., p.1400, 845). Il commença à escliffer en fausset. Tantost l'entendirent ceulx qui estoient en son agait (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 212). Sus ces paroles, il quissent tant l'abet que il le trouverent ; se li compterent ces paroles. Qant il entendi ce, si fu tous resjois (FROISS., Chron. D., p.1400, 78). Chevaliers d'Angleterre de par le duc de Lancastre, et cy envoyez de par son connestable, entendez. C'est la parolle du roy (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 107). Li gentils rois entendi la parole dou chevalier ; se li demanda : " Monnes, quel heure est il, et conment sont nostre ennemi ?" (FROISS., Chron. D., p.1400, 730). Li rois conchut et entendi ces paroles bien parfaitement et senti assés que on li disoit verité (FROISS., Chron. D., p.1400, 758).

Associé à ouir : ...ces parolles luy convint souffrir et oïr, que messire Jehan Camdos li dist, present tous ceulx qui les vouloient entendre et oïr. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 22). ...le duc d'Irlande (...) disoit à tous ceulx qui oyr et entendre le vouloient (...) que les oncles du roy (...) avoient osté et mis jus et hors du conseil les vaillans hommes du conseil du roy (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 48). Là furent les lettres leutes et releutes, et bien oyes et entendues, et de point en point considerées et examinées. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 180).

Associé à voir : Messire Jehan de Hollande qui tout ce veoit et entendoit (...) [en avoit] grant pitié. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 99).

Associé à écouter : Celle femme escoute et entent, che li fu vis, grant friente et grant noisse entre leur ost et l'ost des François (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 41).

Associé à concevoir : Qant on ot bien conceu et entendu les paroles de l'arcevesque (FROISS., Chron. D., p.1400, 101).

A1 entend A2 humain. A1 perçoit et comprend ce que dit A2 : Or se departirent le roy de Portingal et le duc de Lancastre d'Aurench et chevaulchierent ensamble, mais leur host estoient separez l'un de l'autre pour tant qu'ilz n'entendoient point l'un l'autre ne se cognoissoient. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 88). Qant li rois d'Engleterre et son consel orent entendu l'evesque de Lincolle (...) si en furent tout resjoy (FROISS., Chron. D., p.1400, 252). Si parla atempreement et remonstra tout en hault et [en] englois, a la fin que il fust mieuls entendus de toutes gens (FROISS., Chron. D., p.1400, 232). "Quels diables les a mandés ? Ne savons nous pas bien faire nostre guerre sans eux as Englès ? (...) Il ne nous entendent point, ne nous eux ; nous ne savons parler ensamble." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 214).

A1 humain entend A2 abstr. A1 humain comprend A2 : Li dus de Bretagne qui fu devant Tournai et ses freres avoient tenu ce conte de Montfort a frere, pour tant que il estoit fils de lor mere et non de lor pere, ensi que vous le devés entendre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 463). ...et conmenchierent a criier et a huier et a faire signe que on parlast a euls. Tantos chil gentilhonme englois, qui estoient avoecques mesire Thomas de Hollandes, entendirent ce signe et li dissent : "Monsigneur, arestés vous..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 692). ...chevalier d'Engleterre as chevaliers de Hainnau qui point n'entendoient le langage des Englois (FROISS., Chron. D., p.1400, 121). Or vous diray comment il en estoit avenut du temps passé, affin que la matiere vous soit plus clere à entendre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 157).

A1 humain entend raison : Comsiderés entre vous qui entendés raison, le povre aventure chils gentils chevaliers (...) pour bien faire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 170).

A1 humain entend à raison : Mesire Gautier, dist mesire Jehan de Viane, vous estes uns vaillans homs et moult usés d'armes. Si devés tant mieuls entendre a raison. (FROISS., Chron. D., p.1400, 836).

A2 abstr. doit être entendu + adj. ou adv. A2 doit être considéré + adv. ou comme + adj. : ...le dit honmage (...) doit estre entendu lige (FROISS., Chron. D., p.1400, 193). Par celle voie l'ai je toutdis ensi entendu et non aultrement. (FROISS., Chron. D., p.1400, 281). Vous avez trop de foiz oy dire et retraire ung notable que, quant on a la maladie ou chief que tous les membres s'en sentent et convient que la maladie se purge par où que ce soit. Je, acteur, j'entens ceste maladie par les felonnies et amises qui pour ce temps estoient en Angleterre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 40). Il dissoient que il faissoient tout che pour bien, mais on l'entendi à mal. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 75).

A1 humain entend de A2. A1 entend parler de A2 : Si se logièrent dedens la cité de Rennes et environ et s'i reposèrent et rafreschirent, pour aprendre et mieulz entendre dou couvenant de leurs ennemis. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 152). Et tant esploitièrent qu'il vinrent en le cité d'Agen. Si se tinrent là un petit, pour yaus rafreschir et entendre des ennemis. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 141).

A1 entend que A2, phrase à l'ind. A1 entend dire que : Li contes de Montfort (...) entendi et senti de costé, par ses amis lesquels il avoit en France (...) que mesires Carles de Blois se nonmoit et escripsoit dus de Bretagne (FROISS., Chron. D., p.1400, 477). Qant li rois et li sires Espensiers entendirent que la roine et ses fils revenoient la a poissance de gens d'armes (...) si furent tout esbahi (FROISS., Chron. D., p.1400, 81). Qant chil qui la estoient, entendirent que les besongnes se portoient ensi, si furent tout abus (FROISS., Chron. D., p.1400, 207).

A1 entend A2, interr. indir. : Quant Piètres dou Bos (...) entendi la desconfiture de ses gens (...) et comment il s'esbahissoient en Bruges, si ne fu pas bien aseurés de li meïsmes. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 60).

A1 comprend que : Li contes de Pennebruq entendi bien que li contes Derbi le galoit (FROISS., Chron. D., p.1400, 620). ...le royaulme de France avoit moult affaire en son temps. Vous devez entendre que c'est pour le roy de Navaire. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 185).

A1 donne à entendre à A2 humain que. A1 fait comprendre à A2 que : Jaques d'Artevelle nous donnoit anten a entendre que il avoit le wagne de la draperie en la main (FROISS., Chron. D., p.1400, 281). Et fu donné a entendre au roi d'Engleterre que li iviers aproçoit et les longes nuis et froides, que toutes gens resongnent de jesir as camps et que, pour celle saison, on en avoit assés fait. (FROISS., Chron. D., p.1400, 455).

A1 humain fait entendant à A2 humain que. A1 donne à entendre à A2 que : Quant ce vint sus le soir, ilz s'ensonnierent trop grandement autour de leurs chevaulx, et faisoient entendant à l'oste et à l'ostesse et aux varlez de l'ostel que leurs chevaux estoient durement travailliez et qu'il les convenoit aisier (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 207). ...en cela sont il né et obstiné, ne nuls ne lor poroit faire entendant le contraire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 42). Et faisoit li dus de Braibant entendant au roi de France que, se chils mariages se faisoit de sa fille au conte jone de Flandres, il feroit tant que tout li Flamenc seroient de son acord (FROISS., Chron. D., p.1400, 797).

C'est à entendre. C'est à dire, il faut comprendre par là : Et ne s'en parti li rois, si furent tout li honme de Flandres, c'est a entendre li consauls des bonnes villes, venu a obeisance au conte de Flandres (FROISS., Chron. D., p.1400, 179). ...il ne pooient ce faire sans le conmandement de lor souverain, c'est a entendre dou roi d'Alemagne auquel devoient toute obeisance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 289).
 

Froissart Jacqueline Picoche


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